Décarbonation de l'agriculture en France

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La décarbonation de l'agriculture en France est l'ensemble des mesures et des techniques permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur de l'agriculture en France. Il s’agit d’un des axes de la décarbonation de la France et un des défis de la neutralité carbone en 2050.

Le total des émissions directes de GES du secteur agricole représentait, en 2021, 18,4 % des émissions totales de la France. L’essentiel des émissions directes (87 %) est constitué d’émissions de méthane (44,8 %), principalement liées à l’élevage, et de protoxyde d’azote (42,6 %), principalement liées à la fertilisation azotée alors que les énergies fossiles utilisées par l’agriculture, pétrole et gaz essentiellement, correspondent à 11 % des émissions de GES du secteur agricole.

Descriptif du secteur[modifier | modifier le code]

Impacts du changement climatique sur le monde agricole[modifier | modifier le code]

Le dérèglement climatique constitue un défi majeur pour l’autonomie alimentaire de la France, que seul, à terme, un modèle d’agriculture soutenable pourra garantir. Les menaces sont de plusieurs ordres[1] :

  • la multiplication des aléas et risques climatiques (épisodes de gel, canicules, inondations, etc.) a un effet important sur les pertes de récolte. Ainsi, selon l'Institut Montaigne, « les pertes de récoltes liées aux sécheresses auraient été multipliées par trois entre 1961 et 2018 en Union européenne » ;
  • l’augmentation de la température se traduit par une baisse des rendements – on estime que l’augmentation d’un degré de la température mondiale moyenne se traduit par une baisse d’environ 6 % de rendement du blé, 3,2 % pour le riz et 7,4 % pour le maïs. Selon certaines études, le facteur climatique expliquerait entre 30 et 70 % de la stagnation du rendement du blé tendre en France ;
  • les besoins en eau augmentent alors qu'en parallèle les ressources diminuent ;
  • le calendrier des récoltes est également bouleversé.

Évolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur[modifier | modifier le code]

Le CITEPA, chargé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire de la réalisation des inventaires nationaux d'émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre, décompose le secteur en trois sous-secteurs et 11 rubriques :

Évolution eqCO2
1990-2021
Elevage Bovins 5 %
Porcins 14 %
Volailles 4 %
Autres émissions de l'élevage -25 %
Culture Engrais et amendements minéraux -22 %
Engrais et amendements organiques -3 %
Pâture -16 %
Brûlage de résidus agricoles -64 %
Autres émissions des cultures -5 %
Engins, moteurs et chaudières Engins, moteurs et chaudières en agriculture -4 %
Engins, moteurs et chaudières en sylviculture 10 %

Évolution des cheptels[modifier | modifier le code]

1990 2020 % 1990/2020
Vaches laitières 5 303 3 400 -36 %
Autres bovins 16 097 14 301 -11 %
Porcins 12 254 13 149 7 %
Ovins 11 334 6 909 -39 %
Caprins 1 233 1 354 10 %
Equidés 424 544 29 %
Volailles 267 166 292 111 9 %
Lapines 2 162 614 -72 %

Position du secteur agricole dans le système alimentaire[modifier | modifier le code]

Émission de gaz à effets de serre du secteur de la production de l'agriculture[modifier | modifier le code]

Part de l'agriculture dans les émissions de GES[modifier | modifier le code]

Évolution des gaz à effet de serre émis par le secteur de l'agriculture/sylviculture en France entre 1990 et 2022[Note 1].

Les émissions territoriales de l’agriculture excluent les émissions en amont et en aval des activités agricoles, comme la fabrication des engrais, le transport de marchandises, ou encore la production d’énergie à partir de déchets agricoles, qui sont respectivement rapportées avec les secteurs de l’industrie, du transport et de l’énergie. Par ailleurs, elles ne prennent pas en compte les émissions liées aux importations[2].

Stratégie nationale[modifier | modifier le code]

La stratégie nationale bas carbone (SNBC) est l'outil de pilotage pour animer et suivre la politique de décarbonation de l'économie française et de transformation de son modèle énergétique. Elle se décline pour chacun des 6 grands secteurs de l'économie, notamment l'agriculture, et est actualisée tous les quatre ans.

SNBC 1 (2015)[modifier | modifier le code]

Budget carbone SNBC 1
Période en Mt éqCO2[3]
2015-2028
86
2019-2023
83
2024-2028
480

L’objectif défini dans la SNBC 1 pour atteindre le facteur 4 de réduction à l’horizon 2050 par rapport à 1990 tous secteurs confondus. La stratégie concernant l'agriculture est introduite par un préambule ptécisant que les orientations générales doivent être considérées avec pragmatisme, nécessitant d’être adaptées à l’échelle des filières, le cas échéant à l’échelle régionale. Trois axes sont définis[4] :

  • Orienter les systèmes de production agricole vers l'agro-écologie. Les objectifs principaux consistent à diminuer les émissions de N2O, en agissant sur les apports de fertilisants azotés, à diminuer les émissions de CH4 essentiellement par la valorisation des effluents pour produire de l'énergie, et en agissant sur les rations alimentaires des ruminants, à stocker du carbone dans les sols et la biomasse, et à substituer des émissions d’origine fossile par une valorisation de la biomasse ;
  • Prendre en compte des enjeux liés à l'alimentation ;
  • Anticiper les effets croisés avec d’autres secteurs.

Le secteur de l’agriculture a respecté son premier budget carbone indicatif (2015-2018)[5].

SNBC 2 (2019)[modifier | modifier le code]

Budget carbone SNBC 2
Période Décret
2020[6]
Réajusté
2022[7]
2019-2023
82
80
2024-2028
77
75
2029-2033
72
70

Les budgets carbone des périodes 2019-2023, 2024-2028 et 2029-2033 sont fixés dans le décret du respectivement à 82, 77 et 72 Mt de eqCO2 par an[6]. Depuis la publication de ce décret, des changements méthodologiques ont été apportés à l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre, conduisant à arrêter en 2022 ces budgets carbone annuels ajustés respectivement à 80, 75 et 70 Mt de CO2eq par an[8],[7].

Les résultats demeurent sous les seuils indicatifs pour le deuxième budget carbone (2019-2023). Ces évolutions doivent cependant être nuancées car l’agriculture est le secteur ayant la cible de réduction d’émissions la plus faible et cette baisse des émissions résulte principalement de facteurs socio-économiques extérieurs à l’action publique[5].

Mesures dans l'élevage[modifier | modifier le code]

Mesures dans la culture[modifier | modifier le code]

Mesures concernant les engins agricoles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les données de 2022 sont une pré-estimation et sont susceptibles d'évoluer. Les données 2022 définitives seront connues en 2024.

Références[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Rapports[modifier | modifier le code]

  • Rapport de l'ONERC Le climat de la France au XXIe siècle - vol. 4, ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, .
  • Conseil économique, social et environnemental, Financer notre Stratégie Énergie-Climat : donnons-nous les moyens de nos engagements., Paris, , 138 p. (lire en ligne)
  • Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, Strategie Nationale Bas-Carbone France 2015, Paris, , 208 p. (lire en ligne)
  • Haut conseil pour le climat, Rapport annuel 2022, Paris, , 200 p. (lire en ligne)
  • Haut conseil pour le climat, Rapport annuel 2023, Paris, , 200 p. (lire en ligne)
  • Haut conseil pour le climat, Accélérer la transition climatique avec un système alimentaire bas carbone, résilient et juste, Paris, , 168 p. (lire en ligne)
  • Assemblée nationale, présenbté par Mme Pascale Boyer et M Julien Divz, Rapport d'information sur l’autonomie alimentaire de la France et au sein de ses territoires., Paris, , 100 p. (lire en ligne)
  • Secten2023, Inventaire des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre en France – Format Secten - Édition 2023, Paris, Ministère de la transition écologique et solidaire, , 575 p. (lire en ligne)

Feuilles de route[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François-Marie Bréon & Gilles Luneau, Atlas du climat., Paris, Autrement, coll. « Atlas/monde », , 95 p. (ISBN 978-2-7467-6208-4)